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    Tendresse paternelle!

    3 participants

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    Tendresse paternelle! Empty Tendresse paternelle!

    Message par HBen Mer 4 Nov - 22:11

    Le père Ramdane réussissait avec beaucoup de vigilance à assurer à la maisonnée le maigre couscous quotidien. Lorsque les travaux était momentanément arrêtés, il se faisait manœuvre et aidait comme journalier deux maçons qui construisaient pour les riches.

    Quand on a bâti au village le premier moulin à presse hydraulique, puits et pompe, mon père y a travaillé vingt-deux jours. Ces journées m’ont laissé aussi leur souvenir.

    Les travaux avaient débuté au mois de juin, je crois. Nous étions encore à l’école. Le chantier se trouvait juste en face de chez nous, à une centaine de mètres. Il y avait là, en même temps que mon père, notre cousin Kaci, le père de Said et Arab, le père d’Achour, un camarade d’école!

    Dés le premier jour, à onze heures, Said nous propose d’aller voir nos parents ; nous acquiesçons, Achour et moi. Nous avons compris à demi-mot ce que veut dire Said. N’est ce pas à onze heures que le patron fait arrêter le travail pour le déjeuner.

    Nous tombons sur eux, avec une louable exactitude, au même moment que les plats. Nos pères respectifs sont vivement contrariés. Mais le patron est généreux. Il nous ordonne de nous asseoir et nous mangeons, la tête basse. Nous mangeons quand même. D’abord une bonne soupe avec des pommes de terre, et nous recevons chacun un gros morceau de galette levée ; puis du couscous blanc de semoule, avec de la viande. Devant de telles richesses, la joie prend le pas sur la honte du début. Dès que nos estomacs sont pleins, nous nous sauvons. Le front ruisselant de sueur, sans remercier personne, emportant dans nos mains ce qui nous reste de viande et de galette.

    Le soir, ainsi que je m’y attendais, mon père n’était pas content de moi. Il n’insista pas beaucoup pour ne pas me faire de peine et me promit de m’apporter chaque soir la plus grande partie de ce que lui reviendrait de ces fameux repas. J’étais sûr de moi en décidant de ne plus jamais aller le voir au chantier. Il a tenu sa promesse et je n’ai pas tenu la mienne.

    Deux jours après, pendant la récréation, Said n’y tenant plus m’accosta et, sans préambule, se mit à me parler de la soupe.

    Il me travailla pendant toute la récréation. A onze heures, il se faufila jusqu’à moi dans la mêlée d’élèves et ne me quitta pas d’une semelle.

    […] Nous arrivons au carrefour. Je m’arrête. Instinctivement je regarde du côté du pressoir. Said a déjà fait le même geste que moi. Il tourne la tête, nos regards se rencontrent, se comprennent, il me prend la main et nous courons comme des fous vers les ouvriers. Nous ne prenons conscience qu’à dix mètres du chantier. Terrifiés de notre audace, nous essayons de nous cacher derrière une meule de paille. Trop tard ! ils nous ont vus. Le père Kaci nous interpelle avec colère et nous crie de faire demi-tour. Said part comme une flèche en direction de la maison. Mon père quitte son travail, se dirige calmement vers moi, me dit de ne pas bouger. Je reste planté là, plein de honte. Il me rejoint, me pose sa grosse main toute sale de mortier sur la tête et me dit :

    -Laisse-le partir. Vas à côté du père Kaci, tu mangeras à ma place. Je monte à la maison pour me reposer un peu. Aujourd’hui, je n’ai pas faim.

    Ce repas, sous l’œil dédaigneux des hommes, fut un supplice pour moi. Kaci et Arab se moquaient de ceux qui ne savaient pas élever leurs enfants. L’allusion était directe, je rougissais et je pâlissais. Je me disais, pour diminuer ma faute, que mon père n’avait pas faim. Mais je du me tromper car, en rentrant à la maison, je lui trouvai entre les mains, mon petit plat en terre cuite, orné de triangles noirs et rouges. Il achevait de manger mon couscous noir. Ce jour-là, il retourna au travail le ventre à moitié vide, mais il grava, une fois pour toute, dans le cœur de son fils, la mesure de sa tendresse.

    De Mouloud FERAOUN (Le fils du pauvre)
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    Tendresse paternelle! Empty Re: Tendresse paternelle!

    Message par abderrahmane 31 Jeu 5 Nov - 7:08

    Je savoure les textes de nos auteurs algériens , en particulier les kabyles, ils font une description alléchante des situations vécues dans le village. Le lecteur se sent parmi les personnes citées , il ressuscite en lui les moments qu'il a réellement vécus et qui ressemblent merveilleusement et nostalgiquement aux descriptions faites par nos auteurs Nous devons nous en vanter . Merci , H-Ben , pour ces beaux passages.
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    Tendresse paternelle! Empty Re: Tendresse paternelle!

    Message par Berrais Jeu 5 Nov - 18:35

    COMPLEMENT D'INFORMATION


    Mouloud feraoun

    Né le 8 mars 1913 dans le village de Tizi-Hibel (ancienne commune mixte de Fort-National), son nom est Aït-Chabane, Feraoun étant le nom attribué par l'état-civil français. Il fréquente l'école de Tizi-Hibel à partir de l'âge de 7 ans. 

    En 1928, il est boursier à l'Ecole Primaire Supérieure de Tizi-Ouzou. Il entre à l'Ecole Normale de Bouzaréa en 1932 où il fait la connaissance d'Emmanuel Roblès. En 1935, il est nommé instituteur à Tizi-Hibel où il épouse sa cousine Dehbia dont il aura 7 enfants. En 1946, il est muté à Taourirt-Moussa. En 1952, il est nommé directeur du Cours Complémentaire de Fort-National. En 1957, nommé directeur de l'Ecole Nador de Clos-Salembier, il quitte la Kabylie pour les hauteurs d'Alger. 

    En 1951, il est en correspondance avec Albert Camus, le 15 juillet, il termine La terre et le sang récompensé en 1953 par le prix populiste. 

    En 1960, il est Inspecteur des Centres Sociaux à Château-Royal près de Ben-Aknoun. Avec cinq de ses collègues, c'est là qu'il est assassiné par l'OAS le 15 mars 1962 à quatre jours du cessez-le-feu. Mouloud Feraoun a commencé son premier roman autobiographique Le fils du pauvre en 1939 ; il n'est publié qu'en 1950 à compte d'auteur. Ce n'est qu'en 1954 que Le Seuil le publie expurgé des 70 pages relatives à l'Ecole Normale de Bouzaréa. 

    Les éditions du Seuil publient, en 1957, Les chemins qui montent, la traduction des Poèmes de Si Mohand étant éditée par les Editions de Minuit en 1960. Son Journal, rédigé de 1955 à 1962 est remis au Seuil en février 1962 et ne sera publié qu'après sa mort. 


    Œuvres de Mouloud Feraoun:

    Les écrits de Mouloud Feraoun

    — Le Fils du pauvre : publié en 1950, le premier roman de Mouloud Feraoun est quasiment autobiographique. C’est une sorte de journal où est racontée la vie du jeune Fouroulou Menrad qui, en contournant son destin, opte ainsi pour l’instruction plutôt que de rester berger comme ses semblables. Cet itinéraire est très difficile car il est issu d’une famille pauvre ; il dit dans son Journal qu’il veut écrire. C’est également le vœu de Feraoun : il veut traduire «l’âme kabyle». 

    — La Terre et le sang : publié en 1953, ce roman est un appel de la terre natale à Amer, qui l’abandonne pendant quinze ans. En revenant, il ramène la Française Marie, probable fille de son oncle Rabah qu’il a tué accidentellement en France. Arrivé au village, Amer tombe amoureux de sa cousine Chabha, épouse de Slimane, qui veut venger la mort de Rabah. Finalement, un coup fatal, à la carrière, emporte le meurtrier Slimane et l’accusé Amer. 

    — Les Chemins qui montent : publié en 1957, ce roman est la suite logique de La Terre et le sang. D’ailleurs on y retrouve les mêmes personnages, mais vieillis. Amer, qui est fils d’Amer de La Terre et le sang, revient de France. Il retrouve sa cousine Dahbia, convertie au christianisme. Celle-ci semble faite pour Amer. L’ayant vu opter pour Mokrane, il se suicide. Mais est-ce un suicide ou un meurtre ? 

    — L’Anniversaire : roman publié à titre posthume en 1972, dix ans après la mort de Feraoun. C’est en fait un roman que l’auteur écrivait lorsque la mort le surprit. C’est aussi une histoire d’amour entre un Algérien et une Française, qui se solde inévitablement par un échec. 

    — Jours de Kabylie ou encore Tajmaât (assemblée) : un récit écrit en 1954. C’est un document ethnographique sur la Kabylie de l’époque. 

    — Journal : publié en 1962, aussi à titre posthume, ce témoignage est une douloureuse chronique de la guerre, vue principalement en Grande Kabylie. En fait, il nous permet de connaître Feraoun durant ces événements. Il disait de lui : «C’est un brûlot rageur où chacun en a pour son compte.» 

    — Lettre à ses amis : tout comme le Journal, ce témoignage nous apprend beaucoup sur l’auteur et sur son œuvre (1949-1962). 

    — Poèmes de Si Mohand : Feraoun a sorti de l’oubli les poèmes de Si Mohand ou Mhand, qu’il rassembla dans un recueil publié en 1960 et complété plus tard par feu Mouloud Mammeri dans Isefra de Si Mohand. 

    — La Cité des Roses : En 1958, à la cité des Roses, un Algérien, directeur d’une école s’éprend de Françoise, une institutrice, tous deux mariés par ailleurs. L’amour étouffé et brûlant qui les unit trouvera les chemins de son effloraison dans le besoin de liberté qu’ils éprouvent profondément. 

    Mouloud Feraoun raconte son Algérie celle qui s’affranchit de la France avant de rompre définitivement avec elle. Il dresse ici un tableau sans concession de la passion enivrante qui lia ces deux pays et dont les spectres nous heurtent encore aujourd’hui. Ce sentiment complexe où se mêlent et s’entrechoquent les amours-propres, les préjugés, les traîtrises et les ignorances, conduit invariablement l’humanité à regarder ses propres turpitudes. 

    L’auteur du Fils du Pauvre dira à propos de ce livre : « Je continue par exemple de penser que si la politique peut donner une certaine teinte à l’amour, elle ne peut ni le nourrir, ni le modifier, ni l’empêcher. C’est la politique, la morale, l’honnêteté, etc. qui recherchent toujours des accommodements avec l’amour. Sauf bien entendu quand on a affaire à des héros ou à un faux amour. 

    J’ai cru qu’il était indiqué de faire s’épanouir un tel sentiment au milieu de la haine et qu’il suffisait de rappeler en contre point que cette haine existait, se traduisait par la colère, l’hypocrisie, la souffrance et la mort. Mais de cette situation historique sur laquelle je n’avais pas besoin d’insister, j’ai voulu que les personnages s’évadent en se donnant l’un à l’autre. » 

    Quarante-cinq ans après son assassinat, ce roman d’amour, d’une assourdissante vérité, vient sans conteste parachever son œuvre. 
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    Message par HBen Ven 6 Nov - 12:16

    son nom est Aït-Chabane, Feraoun étant le nom attribué par l'état-civil français.

    Ceci est une erreur Cher Berrais. Son nom est Fouroulou Menrad et Mouloud Feraoun est son nom d'écrivain. D'ailleurs, on retrouve dans son nom d'écrivain les même lettres que dans son nom d'état civil. Ce sont des anagrammes.

    Citation:
    Je suis né au mois de février 1913 à Tizi-Hibel, village de Grande-Kabylie. Ma
    grand-mère décida de m’appeler « Fouroulou. Ce prénom était tout à fait nouveau
    chez nous ; il ne me ridiculisa jamais parmi les bambins de mon âge tant j’étais doux
    et aimable.
    Mon père et mon oncle étaient parmi les pauvres du quartier. Mais ils n’avaient
    que des filles ; j’étais donc plus heureux à la maison que la plupart de mes camarades
    au milieu de leurs frères.
    Ma mère, mes sœurs et mes tantes m’adoraient. Mon père me permettait tout. Mon
    oncle m’aimait comme son fils ; je représentais pour lui l’avenir de la famille.
    D’après M. Feraoun
    « le fils du pauvre »
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    Message par abderrahmane 31 Ven 6 Nov - 19:03

    En effet, c'est la seule information avancée par H-Ben que je connais depuis que j'ai été au lycée.
    abderrahmane 31
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